Un couloir interminable, baigné dans une lumière jaune maladive, s’étend dans un silence épais. Les néons bourdonnent faiblement, certains clignotent, projetant des ombres erratiques sur les murs délavés. Les carreaux blancs sont fissurés, tachés de moisissures qui s’étendent comme des veines mortes sous la peinture écaillée. Il n’y a pas de fenêtres. Il n’y a jamais eu de fenêtres. Les portes des salles de classe sont entrouvertes, mais derrière, il n’y a rien. Rien d’identifiable. Juste des tableaux noirs où des traces de craie semblent s’effacer et réapparaître toutes seules. Des bureaux décalés, certains renversés, comme si quelque chose avait tenté de s’asseoir mais n’avait jamais su comment. L’odeur est atroce : un mélange de bois pourri, de papier brûlé et… quelque chose de plus ancien, de plus profond. Parfois, au détour d’un couloir, un bruit résonne. Pas un cri. Pas un murmure. Juste… un raclement. Comme si quelque chose traînait sur le sol, lentement, sans jamais s’arrêter. Tu ne peux pas dire d’où ça vient. Ça ne semble pas se rapprocher. Ni s’éloigner. Il n’y a pas d’horloge. Il n’y a pas d’issue. Juste ce labyrinthe de salles vides, de couloirs sans fin, de portes qui ne mènent nulle part. Un endroit oublié, mais pas abandonné. Et au loin, un haut- parleur grésille. Une voix artificielle, déformée, déclame une annonce scolaire incompréhensible. Chaque syllabe résonne trop longtemps, comme si l’endroit lui- même refusait de la laisser s’éteindre
