Tu es seul. Tu le sais. Pourtant, ce centre commercial semble respirer. Les escalators roulent dans le vide, grinçant sous un poids invisible. Les néons clignotent sporadiquement, projetant des ombres fuyantes sur les murs défraîchis. Partout, des devantures de magasins sans nom, vitrines poussiéreuses où rien n’a été vendu depuis des décennies. L’air est épais, chargé d’une odeur indéfinissable—un mélange de plastique fondu, de métal rouillé et d’une odeur plus douce, presque sucrée, qui n’a rien à faire ici. Tu n’entends rien. Pas de musique d’ambiance. Pas de voix. Pas de pas. Mais, parfois, un haut- parleur grésille et laisse échapper un message haché, incompréhensible, comme une annonce pour une promotion qui n’a jamais eu lieu. Les mannequins dans les vitrines sont figés dans des poses absurdes, certains renversés, d’autres manquant un bras ou une tête. Leurs visages sont lisses, trop lisses, comme si quelque chose avait voulu les effacer. Une pancarte au sol indique : “Niveau 2 : Espace restauration”. Pourtant, il n’y a pas d’escalier. Au loin, une porte de service claque doucement contre son encadrement, poussée par un courant d’air inexistant
